Les dix artistes les plus nocifs de la décennie
Après la période des classements de fin d'année, on arrive un peu après la bataille en prenant, bien sûr, le contre-pied de l'ambiance générale pour se focaliser sur ce qui n'a pas marché, ou plus précisément sur tout ce qui est mauvais et a trop bien marché entre 2008 et 2018. Une période pendant laquelle on a beaucoup, beaucoup écouté de musique, et malgré la dématérialisation du médium et l'individualisation de l'écoute, une période pendant laquelle on a également beaucoup subi. La radio, encore, les clips en boucle... Victime de cette muzak, comme nous tous, j'en tire, je crois, une crédibilité suffisante pour sortir ce classement très personnel : les dix artistes les plus nocifs des dix dernières années. Ceux qui auront laissé une trace indélébile, et dont l'influence ou la popularité aura largement dépassé la capacité à écrire des chansons qui ne soient pas nulles, réchauffées, plates ou simplement insupportables. La méthodologie étant totalement subjective, j'imagine qu'on tombera pas tous d'accord tout de suite. S'il y a réclamations ou omissions (je sais que j'oublie quelqu'un...mais qui ?) hésitez pas à l'écrire très fort. |
ENQUeTE de satisfaction |
Première chanteuse de l'ère MySpace à vendre en masse et donc première superstar musicale du Web 2.0. Lily Allen a ouvert la voie et donné des idées (j'ai un myspace, j'ai une webcam, je suis une star) à pas mal de gens dont on se serait passé. Finalement, elle aura plus occupé les pages people que les colonnes musicales. Mais le mal est fait.
Axl a enfin sorti Chinese Democracy d'on ne sait trop où après des éons d'attente, et c'est peut-être le moment le plus triste de la décennie. Pour tout le bien qu'il a fait dans les années 90, Axl, ou ce qu'il en reste, a droit au bas du classement. Mais il y a bien sa place, parce que des adultes ont pleuré comme des enfants en écoutant ce disque, en écoutant la mort de leur adolescence mise en musique. Avoir eu 12 ans circa Use Your Illusions et avoir l'impression qu'on s'est foutu de ta gueule pendant 15 années, ça laisse un arrière goût de haine.
Ce qu'il reste du boy's band au tournant du siècle. Les Backstreet Boys, N'Sync et tout ça c'était les '90s et on a eu un certain répit avant que les Jonas Brothers, trois frères qui vendent du rêve et des mièvreries, prennent la relève. Un phénomène jusqu'ici cantonné aux US, leur côté religieux les coupant de fait des marchés européens. Ca reste les mêmes codes que l'ère dorée, sauf que les garçons sont un peu rockers parce qu'ils trimballent des guitares, sans trop savoir pourquoi.
Interchangeables, ces dinosaures du rock FM ont sorti, à eux deux, 8 albums en 10 ans sans jamais se poser la question de l'évolution, idée répandue dans certains cercles selon laquelle l'artiste se doit d'avancer vers un but quelconque s'il veut rester pertinent. Mais quand Scott Stapp et Chad Kroeger choppent une formule, ils ne la lâchent plus. Le moyen devient une fin, quitte à saturer les ondes et à se construire une réputation de groupe(s) le(s) plus détesté(s) sur la planète.
Le punk commercial des années 2000s comme s'en souviendront les archéologues musicaux du futur. Beaucoup de tatouages, mais pas beaucoup d'idées et une liquidation en règle de ce qui restait de la réputation/image d'un courant musical qui existe désormais plus par les fantasmes que par les riffs. Remerciez les frères Madden.
Comment faire régresser la chanson française, ou peut-être juste l'immobiliser ? Rien de très positif dans tout cela, et beaucoup de dommages collatéraux. Qui écoute Bénabar ? Qui va à ses concerts ? Qui tolère ? Un mystère total, comme le fait que dans la VF desSimpsons, les parents de Milhouse aient des voix belges. Absurde & incompréhensible. Pas classé plus haut parce qu'il a cassé la gueule à un Biolay stoïque, faut bien lui donner ça.
James Blunt a été le premier soldat de l'OTAN à entrer dans une Pristina en ruines pendant la guerre du Kosovo, mais ça ne l'a pas empeché de semer la désolation musicale derrière lui. Onze millions de personnes ont acheté Back to Bedlam. Onze millions. Des milliards ont entendu la soupe sonore qu'est You're Beautiful, et ont demandé du rab. Des milliards.
La deuxième moitié des années 90 peut être considérée comme une sorte de période dorée pour Pascal, son crédit de parolier à la mode n'étant pas encore totalement épuisé. Et son sourcil stylé n'était pas encore complètement ringard. Pendant ces dix dernières années, il a creusé sa tombe comme d'autres creusent leur sillon : deux albums solo, et un pied à l'échelle pour Natasha Saint-Pier, Daniel Levy, Garou, Mickaël Youn, Amel Bent, et aussi Les Dix Commandements, comédie musicale qui à elle seule déclencha sa propre avalanche de copies regrettables.
Avant 2005, personne n'avait entendu parler de Tokio Hotel, et après personne ne pouvait dire qu'on ne l'avait pas prévenu. Chaque génération a ce groupe qui se distingue par une popularité soudaine et inexpliquée. Passagère aussi. Chaque génération crache sur la suivante parce qu'un groupe à la popularité soudaine et inexpliquée, passagère aussi, lui fait prendre conscience de sa vieillesse, d'avoir perdu une certaine connection. Moi, c'est surtout le vide totale d'une musique qui se résume à une coupe de cheveux que j'aimerais souligner.
"Peut-on critiquer une envie de vendre? Non. Peut-on critiquer un groupe parce qu’il vend ? Non. Mais on peut critiquer la vente au détriment de la qualité, ça oui, et ça les Black Eyed Peas en sont les spécialistes". Ce jugement, d'un internaute anonyme, est bien plus direct et moins compliqué que la diatribe que j'avais préparé dans ma tête pour expliquer ce que les Black Eyed Peas représentent pour moi. Ces mecs sont la pire chose qui soit arrivée à la musique depuis dix ans, et c'est d'autant plus dommage qu'il y a douze ans, ils faisaient des sons potables.